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Palais d'Argile

Feu! Chatterton

Pistes :

  1. Monde Nouveau
  2. Cristaux Liquides
  3. Écran Total
  4. Avant qu'il n'y ait le monde
  5. Compagnons
  6. Aux Confins
  7. La Mer
  8. Libre
  9. Ces bijoux de fer
  10. Panthere
  11. Cantique
  12. L'homme qui vient
  13. Laissons filer

Musiciens :

Arthur - Clément - Raphaël - Sébastien - Antoine

Chronique :

L’esthétique de Feu ! Chatterton est un édifice absolument unique en son genre. Tellement qu’il divisera toujours autant, ceux qui sont à genoux devant tant d’ingéniosité d’un côté, ceux qui n’entrent pas dans l’univers de l’autre. Des musiques virtuoses, indéniablement, et des textes d’une habileté absolument déconcertante. Ce troisième album, produit par Arnaud Rebotini confirme incontestablement cette capacité incroyable qu’à Feu ! Chatterton à lire le monde qui nous entoure et à le restituer avec une noblesse et une âme sans pareilles.

Car c’est bien entendu dans un monde bouleversé par la pandémie, poussé dans ses retranchements et ses paradoxes que les textes ciselés d’Arthur taillent avec une certaine forme de manichéisme. D’un côté, ce monde digitalisé, relations filtrées voire travesties par ces écrans tactiles (« Moi je caresse ton visage sur cet écran tactile, que reste-t-il de sauvage dis-moi, que reste-t-il ? » dit-il sur « Cristaux Liquides »). Et puis cette observation incessante, ce 1984 devenu réalité (« Les navigateurs veulent mieux te connaître, fais-leur coucou »). Arthur chante ici avec une certaine forme de rage, tant dans les mots que dans sa voix (« On les mettra jamais tes putains de lunettes spéciales ! »). Il y a aussi cette satire, cette diatribe sur le monde d’avant (« Je me souviens mal du monde d’avant (…) J’étais où et quand, pour le grand final ? (…) Derrière mon écran sans doute, mon écran total, à perdre les pédales » dit-il dans « Ecran Total »). C’est souvent déconcertant de réalité, troublant. Et puis il y a cette ode à la liberté, ce morceau de bravoure, progressif, absolument épique de 9’35, « Libre » et ses turbulences qui finissent en fatras de guitares turgescentes. Une pièce absolument maîtresse.

Musicalement, Feu ! Chatterton poursuit son alchimie exquise du vintage et du moderne, procréant à nouveau une musique très contemporaine et unique jouée par des orfèvres qui progressent encore de jour en jour. De ballade synthétique (« Ces Bijoux de Fer ») ou poignante (« Avant Qu’il N’y Ait Le Monde ») en électro dansante (« Cantique »), en chanson habitée (« La Mer »), les franciliens affirment encore une personnalité hors du commun. Hors du sentier, hors du temps et qui, pourtant, restera un témoignage beau et glaçant d’une époque à oublier.

Jean

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