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Play With Fire

L.A. Witch

Pistes :

  1. Fire Starter
  2. Motorcycle Boy
  3. Dark Horse
  4. I Wanna Lose
  5. Gen-Z
  6. Sexorexia
  7. Maybe the Weather
  8. True Believers
  9. Starred

Musiciens :

Sade Sanchez (guitare, chant) - Ellie English (batterie, percussion) - Irita Pai (basse, claviers)

Chronique :

Mais nom de Zeus, qu’est-ce qu’ils leur donnent à bouffer à leurs mômes en Calif ? Des décennies que ce peuple de la côte ouest des US engendre inlassablement prodiges, phénomènes, ovnis, héros et superstars du rock n’ roll. Sade Sanchez, Irita Pai et Ellie English les trois avions de chasse de L.A. Witch, Angelenas natives, élevées à l’avocado toast, à Black Sabbath et au bon vieux punk de là-bas ne sauraient trahir l’héritage sacré de Jefferson Airplane, The Belairs ou autre Kyuss.

Leur deuxième album, Play With Fire est sorti le 21 août dernier, et cette chronique n’a pas commencé d’être écrite que j’ai déjà presque plus de mots pour vous dire comme il est trop mortel. J’ai dit PRESQUE. Et on les a vues venir avec leurs santiags cradingues. On ne s’est pas arrêtés à leurs dégaines de (bonne) sœur Halliwell, ni à leurs mignons minois de mannequins de chez Hawaian Tropic. L’album éponyme de 2017 et l’EP « Octubre » de l’année suivante nous avaient que trop bien parfumés : blues rockab’ soyeux, crasseux et addictif, voix spectrale et lascive, univers ténébreux et décadent : totalement irrésistible.

Un premier titre frontal, « Fire Starter » augure d’un trio de bonnes petites sorcières qui a bossé dur pour asseoir son identité musicale tout en affinant son concept : Sanchez chante avec l’organe d’une Ambrosia Parsley qu’on aurait biturée au kérosène trois soirs d’affilée et embrase une rythmique déjà bien hargneuse, de riffs enfiellés et corrosifs. Dans « Motorcycle Boy » la porte ouverte de la chanson/cliché sur le biker sexy et mystérieux est défoncée au bélier et sublimé avec un raffinement vintage torride, « vroom-vroom teuf-teuf-teuf » de moteur en début de morceau inclus. Que dire de « Dark Horse » ? Le joyau du trésor, aliénante bande-son d’une poussiéreuse nuit de pleine lune à Joshua Tree. Orgues, sagattes et grosses basses, substrat mesmérisant à des guitares acoustiques/électriques toujours plus malsaines, drapent cette superbe pièce d’une aura mystique. S’en suivent la cartouche nucléaire stoner 4 étoiles « I Wanna Lose », et « Gen-Z », mirage Tarantinesque embué de vapeurs de gasoil : une sombre histoire de fût dérouillés comme des enclumes, de motifs de guitares psychés et de castagnettes.

Du coup, là, si tu comptais appuyer gentiment sur pause et aller te prendre une tisane, tu es dans le déni : elles te tiennent, tes pupilles sont dilatées, la sueur perle dans ta nuque et toute volonté de faire quoi que ce soit d’autre que d’aller au bout de ces neuf putains de morceaux t’a été habilement subtilisée.

Alors tant qu’à subir, autant déguster. Le très 90’s « Sexorexia » te laisse le souffle court, la mâchoire serrée et l’impression d’avoir Poison Ivy quelque part dans la pièce avec toi. Respire et lâche prise : cette fin d’album t’entraîne un ou deux étages plus bas dans le royaume d’Hadès… « Maybe The Weather » emprunte à la musique native américaine tout ce qu’elle a d’onirique. Un titre talisman, presque un interlude, avec ses paroles mantra, ses chinures musicales douces amères… pour mieux ramasser « True Believers » en pleine tronche, t’es plus à ça près, et puis bon QUI peut résister à du gros punk bien gras, bien compact, hein qui ça ?

Noir, sale, tordu, noueux et acide, « Starred » referme ce livre des ombres avec pertes et fracas sur un corporal de fuzz poisseux, de reverbs fantomatiques et de rythmique bruitiste démoniaque. C’est un carton plein pour moi en ce qui concerne Play With Fire. Un excellent album racé, équilibré, magnétique, à l’esthétique retro ultra soignée qui donne des envies de road-trip, de Mezkal, de short en jean beaucoup trop courts pour une nana de mon âge et de surf à Cabo San Lucas.

Sheena

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