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19 99

Prince

Pistes:

  1. 1999

  2. Little Red Corvette

  3. Delirious

  4. Let's Pretend We4re Married

  5. D.M.S.R.

  6. Automatic

  7. Something In The Water

  8. Free

  9. Lady Cab Driver

  10. All The Critics Love U In New York

Musiciens :

Prince (basse, guitare, batterie, claviers, chant) - Brownmark (basse, chant) - Lisa Coleman (claviers, chant) - Wendy Melvoin (guitare, percussions, chant) - ...

Critique:

A bien des égards, l'album 1999 de Prince est considéré par les aficionados de Sa Majesté Pourpre - l'un des nombreux surnoms que l'on prête à l'artiste - comme un de ses albums majeurs.

Resituons tout d'abord un peu le contexte : en octobre 1982, lorsque cet album paraît, il fit l'effet d'une bombe malgré la concurrence du Thiller de Michael Jackson, édité à trois semaines d'intervalle. Certes, commercialement les 3.5 millions d'exemplaires du double album princier sont loin derrière les 39 millions affichées par le Roi de la Pop. Mais l'inventivité musicale de Prince va surclasser tout ce que la musique black de l'époque pouvait compter dans ses rangs. Il faut préciser qu'entre l'avènement du funk fin 60's/début 70's (James Brown, Stevie Wonder, Parliament / Funkadelic, la Tamla Motown...) et jusqu'au retour en force du rap/r'n'b/groove dans les années 90, la black music est en crise dans les années 80.

Signe des temps, Prince souhaita vivement que 1999 fut un album de cross-over, capable de toucher une audience bien plus large que le public black encore très majoritaire dans ses concerts. Le morceau « Little Red Corvette » lui apportera cette satisfaction en février 83, ce sera son premier titre à entrer dans le Top 10 aux Etats-Unis.

Aujourd'hui, malgré ses presque 25 ans d'âge, 1999 tient bien mieux la route que son successeur Purple Rain, sorti un an et demi plus tard mais doté de sons ayant vieilli plus rapidement.

Si les albums précédents de Prince nous avait fait entrevoir son phénoménal talent, 1999 est l'album pour lequel il a laissé aller sans restriction sa totale liberté de création. Il fallut ainsi un double album vinyle pour contenir les 11 chansons, dont la durée peut s'étendre jusqu'à plus de neuf minutes. Plus on progresse dans l'album, et plus la musique est expérimentale. Mis à part de rares participations extérieures, Prince a réalisé l'album entièrement seul.

Examinons maintenant dans le détail le contenu du disque.

Les trois premiers morceaux : « 1999 », « Little Red Corvette » et « Delirious » offrent un coté pop/funk attachant et entraînant qui permis à ces trois singles de faire un hit aux Etats-Unis. « Delirious », typiquement, est une chanson que Prince a interprétée sur pratiquement toutes les tournées depuis 1982 !

« 1999 » est une ode à la fête, Prince nous expliquant qu'il va « s'éclater comme en 1999 ». Le morceau est un titre typiquement funky, porté par des arrangements aux claviers remplaçant les habituelles sections de cuivres des groupes de funk, et agrémenté d'une guitare rythmique du meilleur effet. « Little Red Corvette » propose un parallèle imagé entre une fille facile et une voiture de sport, preuve que les thèmes de Prince restent quand même proches des Kids de la rue. Le morceau est agrémenté d'un solo de guitare légendaire, qui, exceptionnellement, n'est pas l'oeuvre de Prince mais de son guitariste de scène, Dez Dickerson.

La suite est « Let's Pretend We're Married », sublime brûlot funk de plus de sept minutes, dont les rythmes binaires de synthés préfigurent presque les beats techno des années 2000. Vient alors « D.M.S.R. » (pour Dance, Music, Sex, Romance) établi sur un rythme plus rock, mais disposant d'une formidable ligne de basse funky et d'une guitare rythmique à tomber par terre, préfigurant de futurs tubes princiers comme « Kiss » qui ne paraîtra qu'en 1986. Les riffs de claviers remplacent toujours les cuivres, en donnant au morceau un aspect plus électronique et « froid » mais en même temps avec un groove plus atmosphérique.

La ballade « Free » est peut être le morceau le moins novateur de l'album, mais il n'en reste pas moins agréable.

Le second disque ouvre sur l'ultime jam : « Automatic », une longue suite de 9mn24 ponctuée de solos de guitares, de claviers hypnotiques et d'effets spéciaux cosmiques ! Le morceau suivant, « Something In The Water (Does Not Compute) » est encore plus introspectif, en nous faisant pratiquement entrer dans les pensées torturées de l'auteur à la suite d'une déception amoureuse.

Autre perle incontestable, « Lady Cab Driver » nous emporte en voyage funky pendant plus de huit minutes, avec une rencontre au sommet entre un solo de guitare, des riffs de claviers et les gémissements de la belle Jill Jones. Les voix, le beat à la batterie acoustique, les guitares rythmiques, sont du plus bel effet.

En clôture de l'album on trouve une agréable ballade sensuelle : « International Lover », dans laquelle Prince compare ses prestations dans un lit à un vol en 747. Le morceau est digne des grands morceaux Soul funk, avec envolées de vocaux et arrangements denses malgré là encore l'absence de cuivres.

A noter aussi un intéressant morceau situé en face B du single original de 1999 : la ballade bluesy « How Come U Don't Call Me Anymore ? », interprétée par Prince seul au piano, est en total décalage avec le style de l'album mais en même temps, elle vient compléter harmonieusement cette formidable collection de chansons avant-gardistes.

1999 a rempli son pari et reste à ce jour comme l'un des albums de Prince les plus originaux tout en conservant une maîtrise de la production et des arrangements accessibles à un large public.

Laurent

Calhoun Square

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