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Red Hot Chili Peppers, Skip The Use, Inspector Cluzo - Vieilles Charrues - 17.07.2023

Date et lieu :

Festival des Vieilles Charrues, Carhaix, Finistère – 17 juillet 2023

Live report :

C’est l’énorme coup de filet réussi par les Vieilles Charrues. Il aura fallu attendre la 31ème édition du festival Carhaisien pour voir les Red Hot Chili Peppers. L’attente fu longue…

Il est environ 17h30 quand notre petite troupe de quadras excités comme des acariens au salon de la moquette foule le champ de Kerampuilh. Un champ de bataille qui a vu défiler pas loin de 70 000 festivaliers par jour, certains battus par la pluie, le vent et noyés dans un océan de boue. C’est bon pour la peau. MAIS, comme une bonne étoile nous accompagne, ce lundi est sec, parfaitement sec. Direction le bar N°4, le repère, l’antre à ciel ouvert. C’est déjà un peu le dawa pour glaner quelques centilitres de houblon… et ça ira crescendo dans cette soirée spéciale. Dommage.

Skip The Use, la leçon de communication

Premier concert du jour pour nous, la bonne bande de fêlés de Skip The Use. Le groupe entre en scène, cagoule blanche sur la tête et Mat Bastard déboule comme une furie, déjà bouillant sur « PIL » ! Il saisit le public à la gorge et l’embarque déjà dans une belle complicité. Le groupe, recomposé depuis quelques années, a toujours la guitare bien affûtée et si singulière de Yan Stefani. Le reggae pop de « Nameless World » prend la suite avant la grosse déflagration bien déjantée de « People In The Shadow ». Skip The Use sort la sulfateuse à hits de festival ! Exercice parfaitement maîtrisé. Il n’est que 19h et des poussières et le public des Charrues chavire ! D’autant que Mat est loquace, drôle et parfaitement dans l’esprit des Charrues. Il invite sa femme avec un brin d’émotion à chanter sur « The One Two », et Lou Sirkis sur « Tout Contre Nature », pas leurs meilleurs titres... « Maintenant on va vous jouer un morceau bien dégueulasse ! », il s’agit de la reprise « Warp 1.9 » de The Bloody Beetroots. En effet ! Sur le bon vieux « She’s My Lady », Mat lance les chœurs, puis il demande au public de s’accroupir avant d’exulter dans le final. Ça marche, bien entendu ! Pour achever tout le monde, Skip The Use jette sur le brasier « Bastard Song » et « Ghost » avec un final sulfureux qui parachèvent cette heure assez dingue. Skip The Use dans toute sa splendeur. Pas la plus grande finesse musicale, mais une énergie communicative pleine balle !

Red Hot Chili Peppers : la leçon de musique

Je sais. Silmarils passe sur Kerouac, la scène d’en face. Mais les Charrues sont amputées de leurs scènes annexes et le monde grouille comme une armada de sardines venues volontairement s’entasser dans leur conserve ! C’est l’instant stratégie. Calé devant la console centrale, on attend patiemment les Red Hot durant plus d’une heure. Les Californiens, groupe planétaire, à Carhaix, c’est inédit ! Ils n’ont d’ailleurs fait par le passé que très peu de festivals en France… De mémoire, c’est arrivé une seule fois : les Eurockéennes en 1996. C’est dire la prouesse ! Les Charrues ont dû aligner la remorque à gwenneg, 2 millions d’euros, pour accueillir les Californiens et leur staff d’une centaine de gaziers.

Bref, à l’heure H, le line up mythique de Blood Sugar Sex Magik entre en scène pour un premier jam où Flea et Frusciante se lâchent pour introduire « Can’t Stop ». Le show visuel est assez minimaliste mais délicieusement psychédélique. Musicalement, les Charrues s’élèvent de 12 niveaux. Flea est définitivement l’un des plus grands bassistes rock ever, Frusciante est toujours aussi créatif avec ce touché magique, Chad Smith a une frappe aussi fine que puissante et technique. Quant à Kiedis, chanteur peu loquace, euphémisme, son style est parfaitement identifiable. Durant une heure et demi, les Californiens vont donner une leçon de musique, moins de communication, mais putain wouah !

La setlist du soir est plutôt bien équilibrée et surtout, c’est une setlist de festival avec des morceaux piochés aléatoirement dans leur discographie historique et quelques titres plus récents, pas si dégueu (« Aquatic Mouthe Dance » est une prouesse rythmique !). Les Red Hot n’ont rien à voir avec un groupe de partage avec le public. C’est un collectif dédié à la musique, concentré sur sa propre fusion, immergé dans son monde. Regrettable ou non, c’est comme ça. Mais le public ne s’y est pas trompé, capable de chanter « Dani California », sauter sur « Parallel Universe » ou planer tranquillement sur une merveilleuse version de « Hey » avec son solo absolument chamanique de Frusciante. Et, bonne nouvelle ce soir, Kiedis tient les tonalités !

La fin est un quasi sans faute, avec notamment « Californication » lancée par la magnifique Gretsch White Falcon de Frusciante. Les Charrues exultent et chantent à l’unisson, avant « Black Summer » et la déferlante pop-punk frénétique de « By The Way » qui fracasse toujours puissamment avant le rappel ! Les Red Hot reviennent, toujours discrets, pour un moment d’histoire qui nous renvoie à nos années de collégiens bien loin… « Under The Bridge » remporte l’adhésion et « Give It Away » synthétise tout ce qui a fait les Red Hot Chili Peppers, fusion de funk, de pop et de punk. Et même s’ils ont écourté de 10 bonnes minutes (ce qui équivaut, dans mes calculs, à 190 476 € dus par les Red Hot aux organisateurs)… C’était mythique.

La suite n’est pas une mince affaire, pendant qu’une partie du public vide les lieux, les programmateurs ont été malins. Retenir un maximum avec le furieux binôme gascon des Inspector Cluzo. Nous l’avons vécu de plus loin, mais quelle énergie complètement dingue et quel mur du son à deux ! Les fermiers des Landes ont fracassé le champ avec « Hey Hey, My My (Into the Black) » et autre « Put Your Hands Up »… la recette Cluzo fonctionne toujours pleine balle (certainement mieux que la grosse caisse après s’être faite piétinée…).

Belle soirée étoilée à Carhaix. Nous sommes reconnaissants, c’était un moment spécial. Poke Emma.

Jean

Retrouvez la setlist des Red Hot Chili Peppers.

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