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Arcade Fire, The National, Kaiser Chiefs - Main Square Festival

Crédit photo :

© Pascal BONNIERE

Date et lieu :

Citadelle Vauban, Arras – 02 juillet 2011

Compte rendu :

Le lendemain du 2 juillet, la Voix du Nord titrait « Le Main Square est un vrai festival, les Bretons sont là »... Trop d'honneurs pour de simples hommes que nous sommes après tout. Mais pour le coup, le compliment est bon à prendre. Alors si les gens jugent un festival à la présence des Bretons, nous nous devions de porter haut et fort les couleurs (et faire honneur à ceux qui avaient ramené le Gwenn Ha Du).

Comme chaque année, Rocklegends continue sa route des festivals, découvrant avec toujours autant de plaisir de nouveaux sites et de nouveaux publics. Cette année, c'est avec un petit pincement au cœur que je laisse quelques deniers à l'ogre Live Nation... Mais je ne suis pas ennemi de mes propres intérêts, en résumé : « Ouai putain, quelle prog' ! ». Donc, action !

Pour la deuxième année, le Main Square Festival délaisse la Grand'Place d'Arras pour la Citadelle Vauban. Assez grandiose, le site propose deux scènes dont la Green Room et son coin détente avec sa pelouse et la grande scène avec son parterre terreux. Près de 12h de rock et de folk pleins les turbines. L’atterrissage se fait en douceur sur MAI et son folk d'outre temps... les premières mousses sont les bonnes, la journée va être chaude.

C'est Yodelice qui prend le relais sur la grande scène sur les coups de 15h. Maxim Nucci débarque avec ses musiciens et son univers (non loin des influences de Burton), le visage peinturluré en noir et une plume dans le c... chapeau (non mais !). Et la surprise est plutôt bonne. Le set est assez hétéroclite avec ses passages folks, rock voire parfois bruitiste, Yodelice montre une belle énergie sur scène malgré un groupe légèrement statique en fond. Derrière des singles pas forcément valorisants, Yodelice offre de bons morceaux (« Wake Me Up », « My Blood Is Burning » entre autres), une voix puissante et nous gratifie de soli bien gras sur sa SG (my god !). Mention spéciale à son final façon western avec un public qui fait les cuivres sous le cagnard ! Bye Maxim et passe le bonjour à Johnny (ou pas...) quand tu le verras.

Retour sur la Green Room, délaissant The White Lies sur la grande scène pour le groove d'Aloe Blacc. L'arrivée en grandes pompes du classieux Blacc soulève immédiatement un vent d'enthousiasme (pas de trop, vue la chaleur !). Le son est énorme, les musiciens réglés comme des coucous Suisses. Ça sent la grosse claque ! Mais après une telle montée en pression, l'américain n'arrive pas à soutenir la cadence qu'il s'est lui-même imposé. Le set est trop mécanique, trop taillé au cordeau jusqu'à la trop conventionnelle version de « I Need A Dollar ». Dommage. Bon, c'est l'heure de la bière.

Le choix devient cornélien. Kaiser Chiefs et les Fleet Foxes passent à la même heure, pile poil ! La troupe Rocklegends décide de faire deux groupes. Un groupe de quatre aux Fleet Foxes et un groupe de ... un (!) à Kaiser Chiefs. J'assume le choix du son massif, du rock de supporters de foot ! Décidé, je retourne sur la grande scène - mousse à la main - pour en découdre avec les gars de Leeds qui viennent de sortir leur quatrième album. Bien sûr, Kaiser Chiefs ne fait pas dans le rock d'intellectuel mais leur pop massive, jalonnée de morceaux tubesques, remplit parfaitement sa mission : mettre un bon coup de pied au cul. Ricky Wilson bondit d'entrée sur une version sous testostérone de « Everyday I Love You Less And Less ». Le public est embarqué dans le tourbillon et Kaiser Chiefs enchaîne sans répit les incontournables « I Predict A Riot », « The Angry Mob » ou l'hymnesque « Ruby » repris par tous les festivaliers. Les anglais lâchent aussi quelques uns de leurs nouveaux morceaux, un poil plus sophistiqués et plutôt bien foutus. Seul (petit) bémol, le son du Main Square souffre de quelques aléas depuis le début de la journée et celui de Kaiser Chiefs est un peu trop dominé par la basse. Pour le reste, Ricky Wilson sortira encore vidé et le public avec la banane.

La suite est une affaire de timing. The National va monter sur scène avant les grandioses Canadiens. « Maudit pancake de tabernacle, c'est l'heure d'la vidange... ! ». En bon festivalier confirmé, le rituel est en place. Tout est millimétré pour être là au bon endroit, au bon moment. Une fois le supplice des pissotières passé, direction la restauration et le bar. « Tout l'monde a son kébab' et sa binouze ? Ok, en avant ! ». Juste à ce moment, comme s'ils nous attendaient pour entrer en scène (ben voyons...), les Américains apparaissent comme par enchantement. Durant plus d'une heure, The National va livrer un set de qualité mais une fois encore peu servi par une acoustique pas irréprochable. Si la réputation en studio n'est plus à faire pour les gars de l'Ohio, peut-être que leur rock aérien n'est pas à son aise dans les grands espaces ouverts. Assez planante, très imagée, leur musique nécessite de la précision, de l'attention et une implication sans détour. Bien sûr, les chansons sont là - superbes et sous tension - avec la part belle à l'excellent dernier album en date, mais il aura manqué l'étincelle pour transporter le Main Square malgré un morceau avec Win Butler d’Arcade Fire en guest. Et pourtant, malgré toute sa retenue, Matt Berninger aura tout fait pour sortir de ses gonds et aller chercher le public. Il y a fort à parier qu’on ira traîner du côté des salles pour vibrer avec eux…

On approche du « money time » baby, là où le Main Square joue son va-tout. Arcade Fire est tout proche. Après un concert qui restera dans les anales de Rock En Seine 2010 - avorté par la pluie - les Canadiens ont une heure et trente minutes pour affirmer leur incontournable statut de tête d’affiche. Après le mini film d’intro, la troupe débarque une nouvelle fois sur « Ready To Start », formidable rampe de lancement pour un show qui sera une nouvelle fois étincelant. Définitivement, Arcade Fire synthétise la classe, le charisme (Win Butler… !), les chansons, la magie et la puissance. « C'est vraiment le plus grand groupe du monde » me dit Pipo en se retournant... Mais merde, s'il avait raison ? La setlist, qui intègre parfaitement les magnifiques titres de The Suburbs, rend également un vibrant hommage aux anciens morceaux qui renforcent une fois encore l'alchimie entre le groupe et les festivaliers. « No Cars Go », les « Neighborhood » et le final de « Rebellion (Lies) » sont des moments de jouissance absolue, renforcés par des jeux de lumière éblouissants… Malgré une tournée à rallonge, un succès absolument démentiel et des louanges de la presse mondiale par camions entiers, Arcade Fire a su garder son authenticité sur scène, son plaisir et surtout sa part de mystère. Quand au rappel de « Wake Up » et « Sprawl II », il parachève la grand-messe des prêcheurs Canadiens sous une nuit étoilée qui risque de marquer l’histoire d’un Main Square en quête de grands frissons. ANTHOLOGIQUE, bien sûr.

Rincés par tant d'étincelles, on repart pourtant bille en tête vers la Green Room pour suivre Kasabian en plein set. Le parterre est bondé, les Anglais ont déjà entamé le set devant un public déjà acquis à sa cause. Sans être particulièrement énorme, Kasabian assure l’enchaînement et les aficionados du groupe font le reste. Les morceaux se libèrent sur scène et prennent leur ampleur, portés par la foule. Nul ne doute que le fan aura apprécié... les autres aussi du reste.

Il est presque minuit, ça commence à sentir le sapin. Moby a la lourde tâche d'assurer le dernier service sur la grande scène. Service bâclé, spectacle peu digeste et plats réchauffés sont au menu du soir. Déjà, le New-Yorkais à la coupe de Kojak n'a rien sorti de transcendant depuis près de 15 ans mais en plus, sa musique a un goût un peu fadasse en concert. Quelques riffs des familles derrière sa SG, tapotti-tapotta derrière les percus et une ou deux cabrioles au micro mais définitivement, la musique de Moby n'est pas taillée pour la scène. Résultats, au bout de quelques titres, Moby nous renvoie chez nous, perdus dans la pénombre des suburbs du ch'nord montées de briques rouges et flanqués de friteries à tous les coins de rue.

Malgré tout, le Main Square fût vraiment bon même si son public manque encore d'un poil de la chaleur festive si chère aux plus grands festivals. Ca viendra et nous, on r’viendra !

Jean Jean

Setlist Arcade Fire :

Ready to Start Keep the Car Running No Cars Go Haïti Intervention Suburban War Rococo Speaking in Tongues The Suburbs The Suburbs (Continued) Month of May Neighborhood #2 (Laika) Neighborhood #1 (Tunnels) We Used to Wait Neighborhood #3 (Power Out) Rebellion (Lies)

Rappel :

Wake Up Sprawl II (Mountains Beyond Mountains)

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