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Trust - Zenith - Paris

TRUST : la seule machine du hard rock français a pouvoir rivaliser avec les grosses pointures anglo-saxonnes, ce groupe admiré par ACDC et Iron Maiden, qui peut sur un coup de fil se mobiliser et jouer au festival de Reading haut la main.

Oui c'est vrai, seuls Little Bob Story, les Dogs et Trust ont pu jouer sur la scène internationale sans rougir, se confronter aux grands groupes et surtout aux publics dans des tournées parfois chaotiques mais où ils ont su gagner le respect, et je ne parle pas là des tournées aux States arrangées pour certains artistes, avec des invitations aux ressortissants français sur place pour remplir les petites salles ( des noms ? devinez... . ) .

Sauf que c'était il y a vingt ans. VINGT PETITES ANNEES, ou grosses années selon l'humeur.....

_ Un ange souriant en cuir noir passe... _

Trust en 2006 ? J'avais quelques doutes, les problèmes d'ego entre Bernie l'aboyeur et Nono le riffeur, le manque d'album pour soutenir la tournée, 3 titres nouveaux seulement dont un « Sarkoland » prometteur sur CD, des rumeurs de concerts un peu rouillés... mais bon, il faut que je vous présente Ted, mon pote Ted, batteur superbe et frappe lourde, et me voilà embarqué par faiblesse. Vous savez, ces petits moments lâches où vous ne voulez pas décevoir un ami de toujours, et qu'à un ami, décidément, on ne peut pas dire non.

Et là, vous sentez confusément que votre fidèle intuition cogne à la porte de votre raison : toc toc, attention mec, attention, tous les curseurs sont au rouge ... vous devinez que vous allez le regretter.

Mais bon, l'heure approche, la salle est pleine de quadras et plus, beaucoup sont pathétiques, déguisés en tee shirt « Trust » sur le ventre bedonnant et arborant le blouson noir comme un trophée de guerre, la bière à la main, prêts à la tuerie, se précipitant aux premiers rangs de la fosse....

« Antisocial », « L'élite », « Le Mitard », « Police Milice », « Préfabriqués » tous ces morceaux de bravoure du hard beuglant et fier, avec du texte et de la gueule en français s'il vous plait ! Ca sonnait ça messieurs dames, il y a 10, non 15, heu, il y a ....

_ Retour de l'ange en cuir noir qui ne sourit plus... _

Enfin, la première partie s'achève, bien en place, pourtant pas aidé de la sono sourde et confuse, alternant blues rocks gentillets et de superbes parties de guitares (Sébastien Choir, excellent !) mais terminant le set sur une reprise boogie survitaminée de.....« Felicie » si si ! Immortalisée par...Fernandel ! !

Là, j'ai comme un pressentiment...

Humour , ok l'humour, j'ai payé 40 euros cette foutue place , restons zen et puis c'est pas bien grave au fond.

Et voilà que Trust entre dans l'arène....sur « Le Mitard » inattendu en introduction du concert et le Zenith chavire ! Le son reste compact, on a du mal a distinguer les guitares, la basse bourdonne , et le batteur cogne et cognera comme un forcené tout le long du concert....

Puis les morceaux s'enchaînent, Bernie a pris du poids, mais a gagné en profondeur de voix, il est en forme, Nono Krief aligne les riffs et solos avec compétence, pourtant la hargne n' y est pas, le bassiste est un énorme colosse black qui claque et cogne comme un bûcheron en restant souriant , énigmatique, mais si peu appliqué et impliqué....Trust alterne le bon et le passable, des plantes inexplicables : le bassiste massacre « Le Mitard », mange des mesures sur « L'élite » (impardonnable , ça), Nono et son compère s'emmêlent les parties de guitares sur « Saumur » qui du coup prend trois tonnes, Nono qui foire son solo sur « L'élite » et nous gave avec ses plans de tapping ( identiques sur 80 % des morceaux ! faut le faire là).

Et, tenez vous bien, surprise, ils ont inclus un sixième membre, dédié aux boucles et scratches !

_ L'ange en cuir noir passe, incrédule... _

Soyons clairs : je n'ai rien contre les boucles et scratches en apports créatifs, mais le procédé est discutable si l'objectif demeure de sonner plus « banlieue, ma zone, mon scratch » tout un cliché !

Sur certains morceaux cela reste acceptable dans les intros en particulier, mais inclure des boucles et « breaker » sur « Antisocial » fallait oser.....et ça casse la dynamique. Définitivement, le type de hard joué et breveté par Trust ne s'y prête pas, antinomique tout simplement... hélas ce n'est même pas discutable.

Heureusement, le public lui est là, chante toutes les paroles, même sur les nouveaux titres, et bouscule le groupe, l'accule dans les cordes, le bouge et la machine par moment renaît... comme par miracle mais les miracles ne durent pas, vous le savez, c'est imparable.

Et Bernie qui s'excuse des plantes... demande au type sur les boucles de lui lancer celles du morceau suivant...

_ L'ange en cuir noir repasse, l'air triste. _

Ainsi, Bernie sauve son « Sarkoland », nouvel hymne ?, en jouant avec le public, il le tient dans sa main , mais n'en abuse pas : instinctivement il sait faire appel à lui lorsque la machine déraille un peu... Bref, il assure, se livre à son petit show contre Sarko et Raoult et commente l'actualité....et par moments, trop rares moments, le son s'éclaircit sans perdre en puissance et met en valeur le riffeur en chef Nono Krief : « La Mort Rode » est ainsi magistrale, ainsi que « On lèche on lâche on lynche » ou encore « préfabriqués ».....

2h30 plus tard et après un rappel dantesque, le Zenith se vide, les sourires sur les visages disparaissent, beaucoup d'interrogations demeurent, comment imaginer CE groupe encore en rodage ? Alternant le très bon et la sortie de route avec des scratches inappropriés, et surtout, comment peut on laisser torpiller un concert avec une telle balance de son lourde, compacte, sans finesse ? C'est un métier ça pourtant...

Je jette un regard sur Ted, on s'est compris...faut pas toucher aux bons souvenirs, on a pas bu, on a pas fait la fête, non, pas envie.....

Puis les quadras et quintas des premiers rangs repartent, les yeux un peu perdus, les bières bues ballonnent l'estomac entre rots et rires gras, il pleut, et les vendeurs d'affiches bradent leurs bouts de papiers mouillés.....ce soir d'automne, le 11 décembre 2006 à Paris, en son fief, Trust a objectivement déçu. Un sentiment d'inachevé me submerge, pourquoi se reformer ? Le fric ? Oui peut-être ...

Mais quelle est sa place aujourd'hui ? Trust n'a t'il pas vécu son tour de trop ?

C'est à lui et aussi à vous de répondre.

Un ange en cuir noir passe, fatigué et las.

Philippe dit Mastermind

Setlist :

  1. Le mitard

  2. Palace

  3. Au nom de la race

  4. Fatalité

  5. Fais ou on te dit

  6. Chaude est la foule

  7. On leche on lache on lynche

  8. Le temps efface tout

  9. Sarkoland (La France On L'Aime Ou On La Quitte)

  10. Saumur/Le dernier acte

  11. Les templiers

  12. Préfabriqués

13 Surveille ton look

  1. Certitudes solitudes

  2. Police milice

  3. Tous ces visages

  4. Instinct de mort

  5. L'élite

Rappels:

  1. La Mort Rôde

  2. Tout ce qui est bon

  3. Antisocial

Musiciens :

Bernie Bonvoisin (chant) - Nono Krief (guitare) - Iso Diop (basse) - Farid Medjane (batterie) - Yves Brusco (guitare)

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